Société anonyme: l’un des modèles les plus courants

Une société anonyme (art. 620-763, CO) peut être constituée par une ou plusieurs personnes physiques ou juridiques. Celles-ci apportent un certain capital qui est divisé en sommes partielles (les actions).

Avec la société à responsabilité limitée (Sàrl), la société anonyme (SA) est la forme juridique la plus fréquente en Suisse, puisqu'elle offre également aux petites entreprises de nombreux avantages en matière de responsabilité, de réglementation des capitaux, etc. Seule la fortune sociale répond des obligations de la société anonyme. En cas de faillite, les associés ne perdent donc que leur capital-actions.

La convention d'actionnaires permet de clarifier la situation lorsque plusieurs parties sont impliquées dans l'entreprise. Pour fonder une société anonyme, il faut au moins un actionnaire. Il peut également s'agir d'une personne physique ou juridique ou d'une autre société commerciale. Le processus de création est long et les frais de fondation sont plus élevés que pour les sociétés de personnes.

La société anonyme est fondée via son inscription au registre du commerce, l'authentification notariée de la fondation, l'approbation des statuts, la sélection du conseil d'administration et l'attestation de vérification par l'organe de révision.

La raison sociale peut être choisie librement, tant qu'elle n'est pas déjà utilisée par une autre entreprise. L'ajout SA est obligatoire.

Une double imposition peu avantageuse

Dans le cas d'une SA, les autorités fiscales différencient le privé du commercial. La SA est une personne juridique et est imposée séparément, comme toute autre personne. Cela constitue un inconvénient pour les actionnaires: si la société fait du profit, elle payera des impôts sur les bénéfices. Si, de ces bénéfices, elle verse, en plus, un dividende aux actionnaires, ceux-ci doivent déclarer ce dividende comme revenu. C'est ce que l’on appelle la double imposition.

Le capital-actions est également imposé deux fois: sur le capital-actions, la société doit payer l'impôt sur le capital, alors que les actions sont à déclarer comme fortune personnelle de l'actionnaire.

Grâce à la deuxième réforme de l'imposition des entreprises, les inconvénients de la double imposition sont atténués. L'imposition partielle des dividendes de 60% pour la fortune privée et de 50% pour la fortune commerciale pour les actionnaires réajuste la charge fiscale. Les entreprises qui se financent au moyen de crédits ne sont plus avantagées par rapport à celles qui cherchent des actionnaires engagés (Département fédéral des finances: 2e réforme de l’imposition des entreprises).

Le capital-actions

Le capital obligatoire de la société (capital-actions) doit s'élever au minimum à CHF 100'000 (art. 621 - 622, CO). Il doit être versé (libéré) à 20% au moins, mais au minimum CHF 50'000 (art. 632 CO). Ce capital ne doit pas forcément être versé en liquide. Il peut être versé sous forme d'apports en nature (par ex. biens immobiliers, machines, etc.).

Le capital-actions peut être géré en monnaies étrangères. Les crypto-monnaies sont exclues (CO 621).

Lors de la création d'une société anonyme, le ou les fondateurs doivent ouvrir un compte de consignation auprès d'un établissement bancaire. Il s'agit d'un compte bancaire sur lequel le capital de l'entreprise en formation est déposé dans l'attente d'une inscription au Registre du commerce. Une déclaration de consignation est remise en échange du versement des fonds, qui restent bloqués sur le compte de consignation jusqu'à la publication de la création de la société au Registre du commerce. Pour procéder à l'ouverture du compte de consignation auprès d'un établissement bancaire, il est nécessaire de joindre une copie authentifiée d'une pièce d'identité de la personne ayant signé la demande, ou une légalisation de la signature du demandeur.

Après la publication de la création de la société dans la Feuille officielle suisse du commerce, les fonds sont versés sur le compte courant de l'entreprise, et le compte de consignation est annulé. Le virement est effectué au plus tôt le premier jour ouvrable après la publication dans la Feuille officielle suisse du commerce. La libération des fonds par la banque se fait sur présentation d'un extrait du Registre du commerce certifié conforme faisant état de l'inscription de l'entreprise.

Plusieurs associés peuvent participer à volonté au capital-actions. Les actions peuvent exister au nom du porteur et/ou du nom. Leur valeur nominale doit au moins s'élever à un centime.

Depuis le 1er juillet 2015, les détenteurs d’une ou plusieurs actions au porteur (ou bons de participation) doivent s’enregistrer dans un délai d’un mois auprès de la société. Pour les titres qui ont été achetés avant l’entrée en vigueur du règlement, le délai est fixé à une année (situation en juillet 2015). De plus, ils doivent indiquer à l’entreprise en question qui est l’ayant droit économique de la participation lorsque leur participation atteint au moins le quart du capital ou des voix. Ce devoir d'annonce existe également pour les titres acquis avant le 1er juillet 2015. Ces personnes doivent, en outre, informer la société des changements.

Les organes d'administration et de gestion des entreprises doivent, en effet, tenir à jour la liste des détenteurs d’actions au porteur annoncés, ainsi que la liste des ayants droits économiques.

Dans le cas des actions nominatives, l'action est établie au nom du propriétaire. De plus, cette personne doit être enregistrée au registre des actions de la société. Les actions nominatives changent de propriétaire par la signature de l'aliénateur du papier  (l' "endossement") et par l'inscription au registre des actions de la société.

Les fondateurs peuvent également influencer la SA par les actions à droit de vote privilégié. Ce sont des actions au nom du fondateur, ayant une valeur nominale plus faible et donnant l'entier droit de vote. Cela implique qu'un actionnaire détenteur de 1'000 actions à CHF 10 peut dominer à l'assemblée générale face à 100 actionnaires ayant des actions à CHF 100, bien que la même somme soit versée (CHF 10'000).

Le conseil d'administration

Le conseil d'administration représente la société à l'égard des tiers. Sauf disposition contraire des statuts ou du règlement d'organisation, chaque membre du conseil d'administration a le pouvoir de représenter la société.

Le conseil d'administration peut néanmoins déléguer le pouvoir de représentation à un ou plusieurs de ses membres (délégués) ou à des tiers (directeurs). Depuis le 1er juillet 2015, toutes les sociétés anonymes doivent être représentées par une personne, dont le lieu de résidence est en Suisse. Celle-ci doit avoir accès au registre des actions, à la liste des détenteurs d’actions au porteur annoncés, ainsi qu’à la liste des ayants droits économiques.

Le conseil d'administration est l'organe suprême de direction et d'organisation de la SA. Selon le code des obligations, le conseil d'administration dirige lui-même la société, ou il attribue la direction à un tiers (ce qui se fait, en règle générale). Cependant, d'après la loi, le conseil d'administration a sept tâches qu'on ne peut ni lui retirer, ni transmettre (art. 716a, CO).

Les noms des membres du conseil d'administration sont inscrits dans le registre du commerce. Ils portent personnellement la responsabilité en cas de dommages qu'ils provoqueraient par manquement au devoir, que ce soit volontaire ou par négligence.

Ces dernières années, la gouvernance d'entreprise est un sujet qui, pour les PME aussi, a de plus en plus gagné en importance. Il s'agit de l'art et la manière dont est gérée une entreprise - ou dont elle devrait être gérée.

L'organe de révision et le rapport de gestion

Une société anonyme doit disposer d'un organe de révision qui doit être désigné lors de la fondation. Chaque année, il doit remettre un rapport au conseil d'administration concernant la direction.

Chaque société anonyme doit, chaque année, établir un rapport de gestion comprenant le rapport et les comptes annuels. Les comptes annuels comprennent le compte de résultat, le bilan ainsi qu'une annexe avec des informations supplémentaires qui doivent correspondre aux exigences juridiques minimes.

L'assemblée générale

L'assemblée générale annuelle des actionnaires constitue l'organe supérieur d'une SA. L'assemblée générale détermine les statuts, élit le conseil d'administration et l'organe de révision, accepte ou refuse le rapport annuel et décide de l'utilisation des bénéfices de l'entreprise. En cas de bilan déficitaire, le conseil d'administration doit convoquer sans attendre l'assemblée générale et demander des mesures d'assainissement. En cas de surendettement, le conseil d'administration - ou l'organe de révision - doit informer le juge.



Dernière modification 17.01.2023

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