Acheter une PME: les cinq éléments incontournables

Racheter une PME plutôt que d’en créer une nouvelle présente de nombreux avantages. A condition de suivre quelques bons conseils.

Deux personnes se serrent la main.

Devenir chef d’entreprise est le rêve de nombreux salariés, mais il n’est pas forcément nécessaire de partir de zéro pour y arriver. Pourquoi ne pas reprendre une PME déjà existante? Acquérir une société présente un avantage certain: le taux de survie après cinq ans des entreprises rachetées en Suisse est de plus de 90%, contre 50% seulement pour celles nouvellement créées, selon l’OFS. Avant de se lancer, mieux vaut néanmoins tenir compte de cinq éléments incontournables.

1. Trouver la meilleure opportunité

Dénicher la perle rare constitue la première étape. Une opération dont il ne faut négliger ni la durée, ni la difficulté. " Il ne s’agit pas juste d’une transaction, mais d’un processus", avertit Jörg Sennrich, le directeur de la structure d’accompagnement spécialisée KMU Next.

Avant de se lancer, il est essentiel de se poser les bonnes questions: Qu’est-ce que je veux? Dans quelle branche aurai-je le plus de succès?, etc. "J’observe que dans de trop nombreux cas, les acheteurs potentiels n’ont pas défini de profil précis." Sur la plateforme kmunext.ch, "les annonces de recherche d’entreprises à acheter qui sont formulées clairement ont beaucoup plus de succès que les autres." Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à contacter spontanément des PME de la branche visée, sachant qu’elles font peut-être face à un problème de succession.

2. Bien définir la valeur

L’estimation de la valeur d’une PME est l’un des points les plus importants de la transmission. Dans un premier temps, il s’agit pour l’acheteur de procéder à une analyse approfondie de l’entreprise visée (due diligence), qui concerne aussi bien des aspects juridiques que fiscaux et sociaux.

Différentes méthodes permettent ensuite de valoriser la société, basées soit sur le rendement, soit sur le bilan, soit sur le cash-flow. Bon à savoir: la valeur d’une PME n’est pas identique à son prix de vente. Ce dernier dépend notamment des liens qui unissent les deux parties prenantes, de l’urgence ressentie par le cédant ou encore des garanties apportées par l’acquéreur en matière de préservation de l’emploi. Reste que "sans argent, on ne peut rien acheter du tout", rappelle Jörg Sennrich, qui précise que "30% à 50% de fonds propres sont généralement nécessaires".

3. Réussir les négociations

En soignant le processus de due diligence, l’acquéreur a en main les meilleures cartes pour attaquer les pourparlers de vente. Lorsqu’il a identifié les risques liés à la transaction, il lui est en effet possible, selon Marie Théraulaz, avocate associée auprès de l’étude Théraulaz&Graf, de négocier des garanties. Ces dernières lui offrent une protection contre les charges futures liées aux activités de la PME antérieures à la cession. Il peut s’agir par exemple d’un redressement fiscal, du procès d’un collaborateur ou encore de la non-conformité aux lois d’une partie de l’activité.

Les parties prenantes peuvent par ailleurs s’entendre sur la durée de validité des garanties, ainsi que sur les modalités de règlement du prix de vente. L’outil appelé clause d’ajustement de prix, ou "earn out", prévoit que seule une partie du montant de la transaction est versée immédiatement à l’ancien propriétaire de l’entreprise. "Le reste dépend de divers critères tels que le succès de la société après son rachat."

4. S’accorder avec les associés et le conseil d’administration

Même très minoritaire, un actionnaire a le pouvoir d’entraver la réussite de la nouvelle direction. Lorsqu’on envisage d’acheter une PME, il est donc essentiel de bien se renseigner sur ses éventuels associés. Pour ce faire, l’acquéreur peut par exemple contacter d’autres acteurs importants de la branche. Idéalement, il faudrait aussi rencontrer seul à seul ces actionnaires; d’une part afin de cerner leur rapport à la société et leur vision de l’avenir, d’autre part afin de les préparer aux changements qui s’annoncent.

Par ailleurs, il vaut la peine de demander au cédant s’il existe une convention d’actionnaires. Ce document est précieux car il contient des règles cadrant des situations telles que vente des actions, décès ou transmission.

5. Communiquer au mieux sur la reprise

"Chaque PME contient des personnes-clé, qu’il s’agisse de cadres, de leaders d’opinion ou de collaborateurs particulièrement expérimentés", observe Jörg Sennrich. "Si ces personnes-clé s’en vont après le rachat de l’entreprise, cela peut avoir des conséquences radicales pour son développement."

La communication interne joue un rôle non négligeable pour éviter ce cas de figure. Le futur directeur doit rassurer les employés à la fois sur leur valeur et sur ses intentions. La communication externe de la reprise doit elle aussi être soignée afin d’éviter que les clients ne quittent la PME en même temps que l’ancien propriétaire. Cas de figure idéal? Que le cédant présente lui-même son successeur à tous les clients.


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La relève des PME en trois chiffres

  1. Selon l’OFS, près de 40'000 nouvelles entreprises ont été créées en 2018 dans le pays. Parallèlement, près d’une PME sur trois disparaît faute de repreneur, constate une étude réalisée par la fondation KMU Next.
  2. Selon des chiffres portant sur le mois d’août 2021 compilés par Dun & Bradstreet, plus de 15% des 603'000 entreprises de moins de 250 salariés répertoriées en Suisse (soit plus de 90'000) sont à la recherche d’un repreneur.
  3. Dans une étude publiée de Credit Suisse et l’Université de St-Gall en 2016, on apprend que la part des PME cherchant une solution de transmission purement extrafamiliale est quasiment égale à celles en quête d’une reprise purement intrafamiliale, soit de respectivement 34% et 33%.

Dernière modification 05.01.2022

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